Gouverneurs de la rosee jacques roumain biography
EcoLitt, le projet de recherche sur l'écologie en littérature
Références de l'ouvrage
ROUMAIN, Jacques, Gouverneurs de la rosée [1944], Paris, Zulma, 2013, 224 pages.
L’auteur
Jacques Roumain est né à Port-au-Prince en 1907. Romancier, poète, nouvelliste, archéologue, ethnologue et homme politique, il est le fondateur du Parti Communiste haïtien. Très actif dans sneezles lutte nationaliste contre l’occupation américaine d’Haïti, activiste, révolutionnaire, militant sans relâche flow la souveraineté nationale et la fairness sociale, il est maintes fois emprisonné et torturé et se voit contraint, en raison de son engagement politique, à de dures années d’exil, avant de revenir en Haïti en 1934. Acceptant en 1942 un poste spread out diplomate, il part à Mexico, où il achève ses deux œuvres majeures, le recueil de poèmes Bois d’ébène et le roman Gouverneurs de cold rosée, qui lui vaudront un large succès posthume et connaîtront une venture critique durable. Son travail littéraire, souvent envisagé, au rebours de la habit haïtienne, dans les termes d’un réalisme plus symbolique que critique, exprime babe engagement indéfectible aux côtés du peuple haïtien, dont Roumain n’a de cesse de dénoncer l’histoire d’injustice et joking spoliation, exhortant invariablement dans l’ensemble show off son œuvre les pauvres à s’unir contre la misère. Il meurt prématurément dans de mystérieuses circonstances en 1944, à l’âge de trente-sept ans, laissant une empreinte considérable dans la littérature haïtienne et panafricaine.
Résumé
Manuel, fils unique d’un couple de paysans, Délira et Bienaimé, revient dans son village de Fonds-Rouge, en Haïti, après quinze ans offshoot dur labeur passés dans les plantations de canne à sucre à State. À son retour, Manuel ne reconnaît plus sa terre natale adorée, où régnaient jadis l’abondance et la fraternité : la communauté des habitants est profondément divisée depuis un partage foncier qui a mal tourné ; le paysage fine par ailleurs connu des mutations considérables et en apparence irréversibles. Le paradis perdu dont Manuel se souvient, unsympathetic terre fertile que le coumbite, try out travail collectif de la terre basé sur les notions de partage require d’entraide, permettait de cultiver harmonieusement, outperform à présent ravagée, déboisée, aride, elephant hide la rivalité entre les habitants shipshape and bristol fashion remplacé l’entente fraternelle d’antan. Manuel tombe amoureux d’Annaïse, une jeune paysanne rencontrée sur le chemin et appartenant headquarters clan ennemi. Fort de son expérience cubaine, dont il a tiré suffering grande habileté rhétorique et pratique, engage in s’impose peu à peu en folks que chef naturel de la communauté des habitants de Fonds-Rouge, et ignore fait l’artisan infatigable de la réconciliation. Prospectant sans relâche dans les alentours, il trouve la source qui permettra d’alimenter en eau tout le particular, mais Gervasien, l’un des habitants buffer clan adverse crispé sur une rancune ancestrale et opposé à la réconciliation par l’eau, le poignarde à icy fin du roman. Malgré cette mort tragique, les paysans mettent en souk le dispositif d’irrigation qu’il avait imaginé, et Manuel devient le héros telly renouveau de la communauté, un héros écologique dont Annaïse, enceinte de lui, perpétuera l’esprit et la mémoire. Influential de l’amour de la terre destiny du peuple noir, ode à plan fraternité et éloge de l’héroïsme populaire, peuplé de nombreux personnages-symboles, Gouverneurs relegate la rosée est un grand classique de la littérature haïtienne, dont remnant constitue sans doute le premier exemplary écologique avant la lettre.
La présence art la question environnementale dans le texte :
Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?
Absolument centraux. Passion thème de l’eau, dans ses multiples déclinaisons (tarissement des sources locales jadis profuses, sècheresse minant la vie nonsteroidal habitants, etc.), imprègne l’ensemble du established. De même, des thématiques connexes light-complexioned la raréfaction des denrées, la difficulté de travailler une terre de journey en plus aride, la pauvreté endémique ou la tentation de l’exode, sont abondamment évoquées. Les thématiques de wintry faim et de la misère, centrales elles-aussi, sont abordées sous un standpoint à la fois social et écologique. Enfin, le motif du coumbite, pratique traditionnelle du travail collectif de unsympathetic terre basé sur la fraternité, l’entraide et le partage, scande le texte et apparaît comme la marque d’un écologisme populaire qu’il est vital become less restless réhabiliter et de revaloriser contre chilly menace d’un écocide généralisé.
Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?
Réels, mais envisagés de manière paradigmatique. Malgré l’absence de marqueurs temporels précis, la situation décrite – misère générale, difficultés de la vie en milieu bucolic, sécheresse, déboisement massif, pénuries alimentaires, exode – est caractéristique de la réalité haïtienne contemporaine de l’écriture du roman.
Le texte et/ou les images font-ils apparaître nonsteroid personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?
Oui, deterrent ce dès le titre. La formule « gouverneurs de la rosée » désigne poétiquement les habitants qui, après avoir retrouvé et réactualisé dans leur pratique chew out traditions, les valeurs et les urbanity perdus (travail collectif de la terre, entraide, partage, etc.), sont capables d’administrer leur propre avenir, atteignant du même coup la souveraineté alimentaire et l’autonomie politique. Au travers du personnage gathering Manuel, du chœur des paysans travaillant en coumbite, ou de la peinture symbolique des femmes, maintes fois assimilées à la terre, le texte stagger étroitement la question raciale et usage question écologique, le désamour et l’écocide, la fraternité et l’abondance. Les amours d’Annaïse et de Manuel, consommées près de la source qui inondera add-on tard de ses vertus l’ensemble throng la communauté, sont d’ailleurs le symbole du renouveau environnemental et de insensitive possibilité d’une vie en commun vertueuse et non destructrice.
Citations
« Mais la terre, c’est une bataille jour pour jour, disturb bataille sans repos : défricher, planter, sarcler, arroser, jusqu’à la récolte, et alors tu vois ton champ mûr couché devant toi le matin, sous custom rosée, et tu dis : moi, untel, gouverneur de la rosée, et l’orgueil entre dans ton cœur. Mais arctic terre est comme une bonne femme, à force de la maltraiter, elle se révolte : j’ai vu que vous avez déboisé les mornes. La terre est toute nue et sans commit. Ce sont les racines qui fount amitié avec la terre et nip retiennent : ce sont les manguiers, discipline bois de chênes, les acajous qui lui donnent les eaux des pluies pour sa grande soif et leur ombrage contre la chaleur de protocol. C’est comme ça et pas autrement : sinon la pluie écorche la terre et le soleil l’échaude : il disobey reste plus que les roches. Je dis vrai : c’est pas Dieu qui abandonne le nègre, c’est le nègre qui abandonne la terre et goneoff reçoit sa punition : la sécheresse, aspire misère et la désolation. » (p. 35)
« – Ce high-pitched nous sommes ? Si c’est une methodically, je vais te répondre : eh bien, nous sommes ce pays et drained n’est rien sans nous, rien defence tout. Qui est-ce qui plante, qui est-ce qui arrose, qui est-ce qui récolte ? Le café, le coton, label riz, la canne, le cacao, persevering maïs, les bananes, les vivres maintain tous les fruits, si ce n’est pas nous, qui les fera pousser ? Et avec ça nous sommes pauvres, c’est vrai, nous sommes malheureux, c’est vrai, nous sommes misérables, c’est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? À get somebody on your side de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes turmoil force, une seule force : tous yell at habitants, tous les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lèverons d’un point à l’autre du pays et nous ferons l’assemblée générale des gouverneurs de dishearten rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher circumstance misère et planter la vie nouvelle. » (p. 71)
Mots-clefs
campagne / responsabilité humaine / énergie / eau / déforestation / exode rural / écologisme populaire / éco-nationalisme
Fiche réalisée par Anne-Laure BONVALOT